octobre 10, 2022 Michael Kolchesky‏

Scan 3D, Ukraine, Coronavirus et Coca-Cola

Le jour où nous avons scanné l’opéra de Kiev

En 2021, quelque part dans la deuxième ou la troisième vague de Covid, j’ai reçu un appel d’un collègue qui dirige la société de numérisation 3D Monark à Paris. Ils cherchaient quelqu’un pour opérer le scanner Faro S Lidar 3D afin de scanner le célèbre opéra de Kiev pour une nouvelle publicité Coca-Cola.

Les scanners laser sont des appareils sans contact qui capturent des millions de points pour mesurer un objet ou un espace à l’aide d’une technologie laser infrarouge qui produit des images 3D détaillées en quelques minutes. Les images comprennent des millions de points de données 3D, connus sous le nom de nuage de points., qui peuvent être combinés avec une photographie de texture réalisée avec un appareil photo reflex numérique.

Je n’ai pas hésité avant d’accepter le projet. J’avais entendu dire à quel point Kiev était devenue dangereuse au cours des dernières années et j’avais été averti de ne pas y voyager. De plus, mon histoire familiale m’a donné envie de voyager là-bas. Mon grand-père (le père de mon père) a échappé aux pogroms russes qui ciblaient les juifs et bien d’autres entre la première et la seconde guerre mondiale. Ces pogroms ont anéanti le village de mon grand-père et il s’est enfui en Argentine où il est mort en exil avant ma naissance.

La famille de ma grand-mère (la mère de ma mère) s’est échappée avant même la première guerre mondiale d’Ukraine (c’étaient des juifs ukrainiens) après les pogroms ukrainiens et russes qui ont anéanti une grande partie de ma famille qui a été assassinée dans des fosses communes qui n’ont probablement pas été découvertes jusqu’à ce jour . Ils avaient un grand monde autour d’un bateau de réfugiés jusqu’à ce qu’ils atteignent l’Argentine, où mes deux parents sont nés et ont décidé de monter sur les bateaux des pionniers dans les années 60 pour aider à construire le pays d’Israël, où je suis né et j’ai grandi, mais c’est pour une autre histoire.

En voyageant avec la talentueuse équipe française de Monark, qui comprenait Jérôme Battistelli et Johan Giner., nous sommes arrivés à Kiev avec une journée pour scanner l’ensemble de l’Opéra de Kiev – une tâche ardue !

Je n’aurais pas pu être plus surpris lorsque nous sommes descendus de l’avion, nous avons été accueillis à bras ouverts par notre homologue de la production ukrainienne et emmenés dans un hôtel haut de gamme où nous avons été traités comme des VIP. Pour nous, Kiev était riche, luxueuse et sûre. (Paradoxalement, l’équipe de production ukrainienne s’appelle ¨Shelter¨ abri en FR)

Lorsque nous sommes arrivés sur place en 2021 bien avant la guerre en Ukraine, il était évident que ce magnifique opéra avait connu des jours meilleurs. Cependant, la majesté et l’histoire de cette importante institution culturelle étaient évidentes. Les lustres massifs suspendus aux chevrons en bois sombre, les affiches encadrées usées des spectacles d’autrefois démentaient un riche héritage important. Nous avons travaillé rapidement et efficacement et avons réussi à terminer le scan pendant que la société de production faisait son travail à nos côtés.

Après le dîner, nous avons pris un verre dans un restaurant voisin et avons pu observer de près la vie nocturne de Kiev. C’était plein de bars chics et de jeunes gens stylés, d’art de rue passionnant, de bonne musique et de DJ, d’excellents cocktails et de la vodka, et de familles normales faisant des choses normales. C’était familier, animé et presque comme être chez soi un samedi soir à Tel-Aviv. Mon premier voyage à Kiev s’est avéré rassurant, ravissant même.

Ces jours-ci, regarder les nouvelles et voir ce qui se passe à Kiev me rend dégoûté. Les horreurs de ce que fait l’armée russe se répercutent sur mes os. Ma famille ne connaît que trop bien ces horreurs.

Pour conclure, nous avons terminé notre publicité Coca Cola, bu nos cocktails et sommes retournés à Paris en laissant Kiev derrière nous, mais avons emporté avec nous au moins un peu de son histoire pour notre publicité, pour la postérité et pour un avenir incertain.

Alors oui, la numérisation 3D en Ukraine à l’époque de COVID-19 peut vous donner un très beau clip musical publicitaire Coca-Cola. Je ne peux pas vraiment reconnaître l’opéra de Kiev que nous scannons, mais je suppose que tout a changé ces jours-ci par d’autres.

And some photos

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